jeudi 28 juin 2007

Chère Aurélie,

En réponse à ton commentaire, je te dédie ce post...

Nous ne sommes pas d'accord. Ce que je voulais exprimer, c'est le nécessaire, l'indispensable retour à l'essentiel : l'Homme, l'Histoire et l'Homme en elle.

La multiplication des intervenants, l'argent, etc. - tout cela nous fait oublier le principal, l'axe, la base, les fondements mêmes de toutes démarches d'écriture, qu'elle soit poésie ou cinéma, même télévisée. Je ne nie pas du tout l'industrie - justement, la difficulté est claire : ne pas oublier l'ame.

La citation de Rimbaud vise à rendre explicite cette démarche, plus claire, plus extrême. Une hyperbole, en quelque sorte. On nous parle de CLIMAX, de structure, de méthodes d'écriture, etc. C'est nécessaire. Mais les auteurs français ne sont pas plus stupides que les anglo-saxons. Ils sont justes aseptisés , au sens premier : nettoyés de l'humain.

Friends : avez-vous noté le nombre de problèmes de société dont il est question, de l'homoparentalité à la difficulté des trentenaires de parvenir à l'âge adulte, en passant par la solitude urbaine. C'est léger, efficace, drôle : et très actuel, même après de multiples diffusions. Je parlais dans le post précédent de Aaron Sorkin ou de David Chase - j'employais le mot de 'dramaturge'. Oui, les séries TV sont ce que les feuilletons littéraires étaient aux XIXe siècles. Qui aujourd'hui en France mériterait cet adjectif, ce titre ? Aurélie, tu parles de "concessions" : ça dépend quoi et à qui. Daryl Zanuck (qui n'était pas un tendre) faisait valoir que Mankiewicz avait fait ses plus beaux films sous son règne. Qui chez TF1, chez F2 ou Canal + pourrait être ne serait-ce qu'un orteil de Zanuck. Alors, il est vrai que voulant faire L'Aiglon, et désirant faire tourner Katherine Hepburn dans le rôle titre, les producteurs lui ont demandé si le personnage était lesbienne. Mais il tourna Eve et la Comtesse aux pieds nus ...

Tout cela est un faux débat (argent, production, diffusion, et tout le toutim) - un retour aux fondamentaux exprimés par le poète me semble indispensable, parce que c'est là la source des problèmes, de la perte d'audience, d'argent... et tout et tout. Et nous oublions trop souvent les évidences, parce qu'elles sont aussi conscience.

La crise de la fiction, suite et jamais fin...

Suite à mon post de vendredi dernier, Après l'euphorie, la crise de la fiction..., Loup écrivait : "Le problème dépasse donc de loin les seuls diffuseurs / producteurs. Le niveau est faible "à tous les niveaux", si j'ose dire..."

Dans son
dernier post, Matthieu Viala expliquait également ceci :

"Selon le producteur de "Lost", Jack Bender, « Ce n'est pas le financement de la fiction française qui pose problème. Il s'agit plus "probablement d'une question de qualité d'écriture et de production". Pourtant, quand une fiction américaine est dotée d'un budget de près de 4 millions d'euros l'épisode, la Une, la plus dispendieuse, ne verse que 1 million d'euros en moyenne. Autant dire qu'avec un budget quatre fois moins important que celui des fictions Américaines, la fiction Française a de quoi avoir du mal à rivaliser en terme de qualité."

Et Cédric de conclure dans son post daté d'hier - que je vous invite vivement à lire, ainsi que le précédent...


Mais, voilà, plus je réfléchis, plus je cherche la raison profonde, l'intime : un retour à la lettre du Voyant d'Arthur Rimbaud m'est indispensable.

"Je veux être poète, et je travaille à me rendre Voyant : vous ne comprendrez pas du tout, et je ne saurais presque vous expliquer. Il s'agit d'arriver à l'inconnu par le dérèglement de tous les sens. Les souffrances sont énormes, mais il faut être fort, être né poète, et je me suis reconnu poète."

"Je dis qu'il faut être voyant, se faire Voyant. Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. Toutes les formes d'amour, de souffrance, de folie ; il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons, pour n'en garder que les quintessences. Ineffable torture où il a besoin de toute la foi, de toute la force surhumaine, où il devient entre tous le grand malade, le grand criminel, le grand maudit, - et le suprême Savant ! - Car il arrive à l'inconnu ! Puisqu'il a cultivé son âme, déjà riche, plus qu'aucun ! Il arrive à l'inconnu, et quand, affolé, il finirait par perdre l'intelligence de ses visions, il les a vues ! Qu'il crève dans son bondissement par les choses inouïes et innombrables : viendront d'autres horribles travailleurs ; ils commenceront par les horizons où l'autre s'est affaissé !"

Alors, voyez-vous, vous avez beau incriminer les méthodes de productions, du budget à l'immixtion des diffuseurs dans les moindres détails... Ou le faible niveau des auteurs, eux-mêmes démotivés, démobilisés, démonétisés... L'Homme s'est perdu, tout simplement, dans tout ce process, ces méthodes, ces discussions, ces détails. Tous, auteurs, diffuseurs, oublient ceci : ce faire voyant, c'est leur devoir, leur fonction, c'est eux, c'est cela, c'est atteindre la masse palpitante de l'humanité, de notre humanité...

Et, aujourd'hui, où est-elle ?

lundi 25 juin 2007

Edf

Une anecdote rigolote, sans intérêt mais affligeante.

La société, pour laquelle je travail, a emménagé dans de splendides locaux, à une adresse prestigieuse, depuis un peu plus de deux ans.

Or, durant ce laps de temps, EDF ne nous a jamais fait de contrat, ni, par conséquent, facturé - malgré nos demandes insistantes de régularisation (ouais, pour l'adjectif, passons rapidement... ). Nous n'existions donc pas, bien que consommant allégrement ce précieux additif à la vie... jusqu'à vendredi soir, où le charmant missionnaire nous coupa la chique, et le courant par la même occasion. D'un coup d'un seul, plus de lumière, le serveur et les ordinateurs en radent, plus de standard, les téléphones occupés, les portes extérieures, toutes blindées qu'elles soient, ne se verrouillent plus : plus d'alarme, etc, etc... Deux jours de chômage techniques - ou plutôt de congés gracieusement offerts... jusqu'à mercredi matin, où le courant et la grâce divine EDF reviendra.

J'ai vécu pas mal de truc dans ma vie, professionnelle et personnelle, mais là, j'en reste abasourdi...

New thing

Après de multiples atermoiements, je me suis lancé - la doc. est là, les notes ont commencé ; les personnages se construisent... et des scènes se placent, lentement. Ce qui est étrange, c'est que je ne m'arrête pas de prendre des notes, des pistes à reprendre, à approfondir, des dérives, des anecdotes, des rapprochements inutiles, abscons, absurdes, mais qui trouvent dans mon esprit, une cohérence. Il me manque encore le plus important : les scènes. L'action. L'acte. Mais ils vont venir. En fait, c'est comme avancer pas à pas, petit pas par petit pas, avec, parfois des sots de puces, et des galops. Une envies aussi de tout abandonner, de s'abandonner à l'irréalité du propos. Sans doute est-ce cela le plus difficile : souvent, les dédicades des auteurs sont pour leur femme, leur enfant... pour les remercier de les avoirs supporter durant tout le temps de travail et de rédaction... A
méditer... à méditer...

En parallèle de la Théorie des Cordes - suis un fan de la physique théorique, même si je n'y comprend rien, mais alors, vraiment rien - parce que je veux voir comment un romancier parvient à transmettre, dans une histoire ces éléments-là.... Donc, je lis en parallèle, L'art du Roman, de Milan Kundera. Non pas, je ne le lis pas : je pioche, je l'ouvre au hasard, je transperce quelques phrases, et je reparts. J'aime Kundera - L'insoutenable légerté de l'être est un roman que j'adore, dont l'empreinte me forma plus que je ne saurai le dire tout à fait, tant dans sa forme, que dans sa sensualité. Je sais, j'avais oublié, que le roman, l'acte romanesque n'est pas le cinéma - non, c'est un univers plus théorique... différent de la vie, pour mieux s'y noyer, aussi. Peut-être est-ce la forme qui me convient, à moi. Je ne sais pas.

PS : Cédric, suite à ton commentaire, c'est que j'ai peur pour ma vie, si je révèlais son nom :)

vendredi 22 juin 2007

Aprés l'euphorie, la crise de la fiction...

Je reproduis ci-après un extrait d'un article de Nathalie Lenoir :

"Grosse remise en cause pour France 2...

La fiction française est actuellement en crise, toutes chaînes confondues. Si quelques séries hexagonales fonctionnent plutôt bien, unitaires et miniséries ont globalement le moral en berne (vieillissement du public, baisse des audiences). France 2 se remettrait particulièrement en cause et envisagerait, selon la revue Ecran Total, de suspendre 60 à 70 % des projets qui étaient en développement. De quoi faire grincer bien les dents de bien des auteurs... La chaîne souhaiterait d'autre part s'orienter vers la comédie pour ses projets jeunesse."

In situe, je vous recommande le post daté d'hier de Cédric, Période trouble...

Msiter Fred me demandait hier quelle fiction française pouvons-nous retenir de ces dernières années ? Naturellement, instinctivement, aucune ne nous vient à l'esprit. Aucune.

Je suis spectateur, pas acteur, mais une seule et unique raison m'apparait: le faible niveau, la paresse intellectuelle des financiers du cinéma et de la télévision - ils se jugent producteurs, et n'ont aucune ambition, à part produire des ersatz de série US, ils sont annihilés, encalaminés par les enjeux financiers, tout en ne travaillant pas assez. Non pas : ils travaillent mal. Aaron Sorkin et David Chase sont des génies : plus que cela - ce sont les dramaturges des temps modernes. Chris Carter a révolutionné la fiction et Michael Crichton : on ne le présente plus.

Chaque série US a une image thème, une texture d'image : une identité. Les acteurs sont irréprochables, la mise en scène, soit en retrait, soit brutale : mais toujours sans esbroufe, proche de l'humain. Cohérente (Dexter, par exemple, est rempli de tics, de trucs, d'effets : et pourtant... ). L'américain magnifie l'humain, le réel devient plus grand. En France, l'ensemble de la production affadie, aseptise l'Homme. Or, travailler sur la nature humaine impose du temps, de la patience, une longue patine.

Je cite Cédric : "les producteurs développent des budgets de plus en plus restreints pour les auteurs. (...) Et puis surtout encore et toujours, on nous demande de beaucoup écrire et imaginer en nous payant un minimum. Toujours cette peur du producteur qu’il reporte toujours sur l’auteur (500 euros pour un outline de 52 minutes, bientôt on sera payé en pièce de monnaie…)." Et après on s'étonne que 'la fiction française est actuellement en crise, toutes chaînes confondues'. Mais avec un tel vécu, peut-on encore s'en étonner ?


Ne viennent chez nous que le meilleurs des séries US - et pour lutter, les diffuseurs proposent le pendant des séries de moindres qualités, des méthodes d'abattage, sans moyens ni talents. Métaphore osée - le complexe du topinambour : les américains proposent des frites toutes chaudes aux spectateurs ; les français, eux, proposent des topinambours cuitent à la vapeur...




Les personnages historiques américains sont magnifiés ; ils rentrent dans la mythologie, presque dans notre inconscient. Je me faisais hier ce raisonnement simple en lisant la biographie de James Angleton. Cet homme a inspiré le dernier film de Robert De Niro, Raison d'Etat. Avons-nous, dans notre bréviaire des personnages pouvant servir de base, d'inspiration à des scénarios 'plus grands que la vie' ? Qui osera faire un film sur le Colonel Passy ou Jacques Foccart ? Qui comprendra que pendant la Seconde Guerre mondiale, celui qui fut engagé par le général de Gaule pour s'occuper du renseignement de la France Libre le fut en un quart d'heure. Un quart d'heure !!!!

Je ne serais jamais scénariste ou producteur. Comme je le disais, je n'ai pas cette faculté autarcique, ce besoin incompressible d'écrire. J'aime trop lire pour cela. Et puis, je ne sais pas me vendre - donner envie de continuer. Je n'ai pas l'énergie pour démarcher, mettre le pied dans les portes ou simplement, dire que j'existe. Je sais aussi que bien souvent, mes interlocuteurs sont dubitatifs, voire réservés, ou tout simplement méprisants - "trop loin des réalités" - sur mes analyses, mes rapprochements, mes recoupements - sur mon approche. Je parlais de paresse intellectuelle : connaissent-ils seulement les noms évoqués plus haut ?

Il y a quelques mois, c'était l'euphorie, 'vous allez voir ce que vous allez voir' - et quelques temps plus tard...

Oui, peut-on s'en étonner ?

lundi 18 juin 2007

Parce que je t'aime de Guillaume Musso

"Le problème, c'est qu'elle ne se sentait plus en sécurité nulle part. Depuis, quelques années, son existence était devenue une suite sans fin d'errances et d'excés qui la détruisaient chaque jour d'avantage, et le milliard de dollars dont elle venait d'hériter ne changeait rien à l'affaire."

No comment. Sauf que je suis sincérement envieux de Guillaume Musso d'oser écrire des phrases comme celles-ci... Vraiment trés envieux... Trés, trés fort...

Nouvel article, nouveau blog, nouvel impact...

"Mon idée est assez simple - simpliste dans le commun des mortels : exposer mon travail, sous plusieurs facettes.

Depuis plusieurs semaines maintenant, j'envisage de changer de blog, de support. J'espère que cet espace (ipernity) me permettra de concevoir ce que j'ai en tête.

Tout d'abord, écrire moins pour écrire mieux : sans doute un rythme d'édition moins soutenu, pour des post plus... enfin mieux, peut-être différents... Un flux plus orgnaiser aussi, avec des rendez-vous, des invitations, aussi, j'espère.

Ensuite, en quelques mois de blog, j'ai également creuser mon sillon sur plusieurs sujets, que j'aimerai reprendre, compléter : ou plus simplement, agréger en un texte homogène."


Voilà mon premier post sur Ipernity - je vais changer de plateforme - ou pas. J'ai, comme d'habitude, à la fois une idée assez précise et assez floue... Je vous tiens au courant, et mettrais le lien en temps voulu. Pour l'instant, je teste.

jeudi 14 juin 2007

«Difficile de vendre de l'art africain contemporain»

Deux articles sur Rue89.com :

«Difficile de vendre de l'art africain contemporain»

et Sarkozy «ivre d'être là», selon un journaliste suisse

(Saviez-vous que la vidéo de Nicolas Sarkozy au G8 occupe la 1ère, 9ème, 11ème et 14ème position au classement des vidéo les plus vues dans le monde au cours de la dernière semaine sur Youtube ?)

Juste pour dire que Rue89 est ce qui est arrivé de mieux ces derniers mois sur internet - non pas : dans le paysage médiatique français.

Technology Review - Juin/Juillet 2007

Une bonne nouvelle : le n° 2 - Juin/Juillet 2007 - de Technology Review est paru.

A lire, un long article sur le Web 3 - Un Web plus intelligent. Et pleins d'autres que je vous laisse découvrir, parce que bon, je n'ai pas encore tout lu non plus...

mercredi 13 juin 2007

2007 : année pourrie

Et on continue comme çà : 2007 est une année à marquer d'une pierre blanche - ou noire, c'est selon. 'Blanche' pour l'expression ; 'noire', pour la réalité des choses et des gens. Chaque semaine apporte son lot d'avanies, petites, grandes, latentes, exploitables en l'état ou à porter à maturité.

Bref, ça continue : vivement 2008 - qui, avec un peu de chance, sera un peu meilleur. Rien qu'un peu, pour une fois.

mardi 12 juin 2007

Le Cercle fermé - Jonathan Coe

Le Cercle fermé de Jonathan Coe...

Je suis réfractaire aux romanciers plébiscités - au 'grand écrivain contemporain'. C'est une attitude stupide, sans doute d'adolescent attardé qui dit 'non', 'non' et 'non' par principe. Mais plus prosaïquement, ces "écrivains qu'il faut lire" me laissent froids - non pas : tiède. En fait, je m'en fous, nulle découverte à venir.

Mais là, encore une fois, je me suis trompé. J'ai eu tord de ne pas forcer mon désir. Ce texte est un puissant miroir de nous-même, sous une lumière parfois tendre, souvent blafarde.

Céline disait que le style c'était tout. En fait d'écriture, je parlerai ici de mises en scène - en situation -, et d'une dissection, tout à l'intérieur, du coeur et des reins. Si j'ai une réserve, c'est sur le manque de tendresse de l'auteur vis à vis de ses personnages - mais en définitive, c'est envers nous, qu'il manque de délicatesse. La vie, elle est finalement si simple... Les connivences, nos enfants, nos femmes... se ressemblent tous, d'un coté ou de l'autre du Channel. Et nos doutes, nos faiblesses, nos lâchetés, nos défaites : il les dévoile, en nuances, sans qu'on puisse y échapper, sans prétextes, sans laisser place à l'espoir, même pas une rédemption : une petite lumière dans notre humanité.

Le Cercle fermé, c'est notre génération mise à nue. A moins que ce ne soit de moi-même.

dimanche 10 juin 2007

Rupture(s), effets de serre et cynisme

Je parlais hier de "rupture(s)" - mon propos est plus un constat qu'un regret. Nous sommes surmenés d'informations, de choix : d'une liberté nouvelle, que rien ne nous a permis d'assumer. Soit.

Un jour, dans ma petite vie, il m'est arrivé de travailler tant (dormir 3 à 4 heures par nuit, commencer à 7 h pour finir, non stop, vers 1 h la nuit suivante - et ce pendant plusieurs semaines, week-end compris...) : qu'à la fin, mon cerveau patinait, comme des pneus de voiture sur l'asphalte. En surtension, il tournait à vide. La parole atteignait mon oreille, mais plus mon cerveau. Face à des paroles inintelligibles, je redevenais foetus, en régression fatale.

Dans un principe identique, je crois que l'école, notre éducation, nous apprend, nous transmet les informations, les enseignements censément acceptables et indispensables. Or, trop peu de place est dévolu, en proportion, à l'apprentissage de la pensée. Le cerveau est un muscle, pas un réceptacle. Et notre éducation patine à nous apprendre à apprendre.

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A noter le post de Jacques Attali - the green day, parue le 7 juin, sur les raisons du revirement américain sur le réchauffement climatique. Entre cynisme, pragmatisme et raison : pourquoi nos dirigeants n'agissent pas ainsi ?

samedi 9 juin 2007

Rupture(s)

Le Nouvel Obs publie cette semaine, un texte de Jean-Pierre Rioux, Les trois ruptures de Nicolas Sarkozy : 'la bipolarisation contrariée' ; 'l'utilisation de l'identité à tout-va' ; 'affronter le réel (...), "tout se jouera dorénavant sur le champ, en prise directe, en instantanée soluble, par expériences qui ne cherchent pas l'effet cumulatif, sans vision synthétique, sans prophéties ni incantations"

C'est un article passionnant (non disponible en ligne - décidément, les news magazines, après s'être fait piller, ne savent toujours pas trouver l'équilibre entre le tout gratuit, et l'abonnement à tout crin - mais, là n'est pas le sujet). Abandonnons le politique, commençons notre réflexion par sa conclusion.


"Triple rupture de pente, de la Constitution gaullienne, de l'identité giscardisée, de la temporalité mittérandienne : le sarkozysme surfe sur une société du "présent liquide" selon Zygmunt Bauman. Il n'a plus besoin du vieux pour tenter de faire du neuf. Il ne fait pas de rupture : il avalise et actualise sans trêve. Il est hardi et conquérant à proportion de nos dérèglements. Et peut-être même prometteur sans avoir à invoquer le passé ni l'avenir"


C'est un état, un fait - nous manquons de réponses, nous abandonnons les liens, achetant, nous consommons de la 'liberté', nous nous jetons dans le vide - notre vide, nous vivons du vide : sans passé, sans persistance, seule la subjectivité de notre réel est sensible. Notre conscience, notre perception devient objectivité, mais découpée, trançonnée : nulle. Il n'y a plus de fil, plus de mise en perspective, un oubli, une amnésie renouvelée, de jour en jour, le suivant poussant le précédent, en un mouvement perpétuel, en pointillé. Nous vivons des jours différents et décousus, découpés, du monde, du contexte, de sa sociologique, de l'Histoire. Dans une même semaine, parfois, deux visions ne se complètent plus, ne se chevauchent plus : elles sont déconnectées, complètement, totalement.

Connected People disait Nokia... Ouais, partageons... Et pourtant, le web donne une infinie de potentialités d'être plus raisonnable. De plus en plus informé, de plus en plus ignorant ? Non : mais l'homme dans son ignorance crasse ne change pas.

vendredi 8 juin 2007

Attente, bis

Je regardais hier soir Dexter, et je me faisais la réflexion suivante : qu'elle sera la réaction de Debra (photo) quand elle appprendra ce qu'elle ne tardera pas à apprendre (ceux qui suivent la série, me comprendront - pour les autres, désolé, mais je ne veux pas déflorer les intrigues... hé, hé...).

Comme je suis un gars sensible (en fait, je suis le type le plus gentil du monde), j'en veux horriblement aux scénaristes de m'imposer la douleur à venir, l'anticipation de sa douleur. Alors, oui, c'est vrai, c'est une fiction - Elle pleura, beaucoup (sans doute) à la fin de la saison (la semaine prochaine), et puis... Jennifer Carpenter repartira pour un tour, dans une deuxième saison.

Mais sincérement, faut-il tant de méchanceté en soi pour nous imposer çà, à nous, pauvres spectateurs qui n'avons rien demandé ?

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"C'est la première fois que l'attente - mon attente - n'est pas fébrile. Elle est à la fois emplit de certitudes, et non plus de seulement de doutes." : tu parles !

Je me suis préparé longuement pour ce job, j'ai beaucoup travaillé, dans l'espoir hypothétique qu'il surgirait, un jour : une potentialité ridicule. Il a surgit - et j'attends. Alors, tous les beaux discours, les bonnes résolutions, la pensée positive : rien, il ne se produira rien.

PS : bon, je crois que c'est rappé. C'est pas grave - juste une aprés-midi pour digérer et repartir.

jeudi 7 juin 2007

Attente

C'est la première fois que l'attente - mon attente - n'est pas fébrile. Elle est à la fois emplit de certitudes, et non plus de seulement de doutes. Parce que l'une ou l'autre réponse, qu'elle soit positive ou négative, emporte autant de promesses. Mais surtout l'important est ailleurs, me concentre sur la vraie nature de mes ambitions. Les aspects professionnels m'importent plus vraiment.

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Je suis assez content. J'ai commencé il y a quelques mois un traitement - et je me suis retrouvé bloqué, il me manquait quelque chose : quoi, je ne sais pas - je ne savais même pas ce que je devais chercher, mais il me manquait un choix, un axe, une essence. Je l'ai trouvé cette semaine, presque malgré moi : une évidence. Elle trainait dans ma tête sans y prendre garde, je n'avais pas l'articulation.

Mais c'est repartit cette semaine, par de petites touches : un élément déclencheur. Alors, suis assez content. Parce que là, ça dépens de moi.

mercredi 6 juin 2007

The West Wing, The End...


Voilà, c'est finit.
le Président Bartlett repart de par les airs, dans son bel avion blanc, vers son New Hampshire natal... "Un géant" est mort, CJ s'en va "réparer le monde" avec 10 millards de dollards... Et Josh... reste Josh.


Les scénaristes se sont fait plaisir - nous ont fait plaisir. Les idylles trouvent leur dénouement, leur logique : enfin. Alors, pour qui n'a pas vécu avec cette Administration, les choses sembleront 'faciles', presque trop, même, pour les esprits chagrins. Mais les vrais fans, eux, se diront qu'après tout c'est une fiction - et que ça fait du bien, que parfois, que quelque fois, les histoires d'amour finissent biens.

The West Wing, The End... Psff... Je crois que je vais me refaire les 7 saisons, moi.


mardi 5 juin 2007

A grenoble, ça flingue au pied des cités...

Comme j'ai été plus que réservé sur le dernier livre de Frédéric Ploquin (cf. mon post du 31 mai dernier), ce n'est que justice de vous signaler son formidable article de cette semaine dans Marianne : A grenoble, ça flingue au pied des cités... Journaliste spécialiste du grand banditisme et de la délinquance + titre explicite + illustration : je ne vais pas vous faire un dessin sur le sujet...

Malheureusement, il n'est pas disponible en ligne - mais je vous le recommande vivement : 2,50 € dans toutes les bonnes maisons. Je reste un peu en retrait sur les potentiels entrevus par cet article ; je les garde pour moi.
Sinon, en ce moment c'est un peu compliqué - je dois faire des choix qui nous engagent, moi et ma famille... Et je n'ai pas vraiment la tête à écrire.

lundi 4 juin 2007

A la maison blanche - saison 7

La septième et ultime saison de The West Wing est sorti mercerdi dernier en DVD. Depuis, il n'est pas rare que je me couche vers les 1 heure du matin, m'ayant engoufré 3 ou 4 épisodes par soirée. Et encore, c'est parce que je suis raisonnable que je n'enclenche pas le disque suivant.

Bon, comment vous dire - je suis fan. Voilà. Nous venons de vivre, en France, en observateur attentif et concerné, une campagne présidentielle. La campagne législative bat son plein - avec un engoument moindre pourtant tant les résulats semblent acquis. Il est dés lors trés étrange de regarder une série télévisée où s'affronte deux candidats pour la Maison Blanche. Inconsciement les références sont partout : la vie, les coulisses, l'actualité modèle notre attention. Les grands enjeux - comme l'aide au développement des pays africains, le Darfour ou les affrontements sino-russes pour le pétrole... - sont clairement expliqués, sans manichéismes, dans leur insoluble compléxité à les résoudre aussi. Je ne lis plus, je ne dors plus, ma vie est fade dans tout ce qui n'est pas : mon portable sur les genoux, mes écouteurs dans les oreilles, dans mon lit. Je suis américain. Encore 7 épisodes. Mais qu'est-ce que je fous au boulot.

C'est grave docteur ?

vendredi 1 juin 2007

Discipline & Renoncement

Je n'arrive pas à me fixer totalement, globalement : exclusivement - me résoudre à me concentrer sur une discipline et un renoncement. Une discipline : 500 mots par jour sur un sujet, un axe. Renoncement : tous les autres, potentiels.

Mais il y a tant de lectures à comprendre, j'ai lu si tard, j'ai perdu tant de temps, tant de choses à voir, tant que choses à penser... qu'écrire, exprimer : donner alors que je suis si vide. Ou alors, trop plein, ça déborde en vrac, par flash, des scénes, des idées : des phrases éparses jaillantes, en ébulition, tout le temps... Du temps, du temps, du temps... pour me poser, tout simplement.

Sysiphe a raison - Sysiphe a toujours raison, Sysiphe a toujours raison, Sysiphe a toujours raison, Sysiphe a toujours raison...