jeudi 30 août 2007

"Le futur est en ligne"

"Le futur est en ligne. La télévision telle que nous la connaissons a changé. Nous devons trouver comment être prêts pour le prochain modèle économique, tout en continuant à fonctionner avec le modèle actuel de la télé. Et donc nous essayons de faire exister la série sur toutes sortes de plateformes différentes, pour être prêts si l’une d’elles se détache. A l’avenir, Heroes ne se regardera peut-être que sur Internet. Aujourd’hui, c’est déjà une des façons dont la série est diffusée. Nous savons qu’il y a beaucoup de monde qui ne la regarde pas du tout à la télévision. Ils en profitent sur le net, d’une façon ou d’une autre."

Début de l'interview donnée par Dennis Hammer, co-producteur exécutif de la série Heroes, sur le site Ecrans.

No comment - ou plûtot, si : c'est exactement ce que je pense, ce que je propose, ce que j'anticipe - sauf que lui, il le dit mieux...

mercredi 29 août 2007

Editions Métaillé


Depuis quelques temps déjà - à peu prés un an -, je farfouille, cherche ce je-ne-sais-quoi qui vous donne l'envie d'un livre plutôt qu'un autre : et souvent, ceux édités aux éditions Métailié me viennent naturellement sous la main.

Alors, je ne les achète pas tous, loin s'en faut, mais ils ont un petit quelque chose qui justement fait la différence. Des découvertes - romans islandais - un de mes romans préférés : bref, une véritable recherche, sincère, une ouverture.
Donc juste un petit post pour vous les signaler plus particulièrement...

lundi 27 août 2007

L’aube le soir ou la nuit, de Yasmina Reza

L’aube le soir ou la nuit, de Yasmina Reza, donc : un regard sur la vacuité, le vide, le sujet et l’écrit. C’est Martine en intellectuel de gauche chez les politiques de droite. J’ai lu cette analogie vacharde je ne sais plus trop où – je l’avais trouvé bien dure : elle n’est que réelle.


J’ai le sentiment de lire certaines légendes des dessins de Sempé – l’auteure écrit comme lui parodie les journaux intimes : G. me dit ceci. Y. me prend à part… (Quelle est cette phobie de n’écrire que les initiales, rarement les noms ?) Le même style, la même volonté des petites choses : mais là où le formidable dessinateur garde une distance emplie de tendresse (plus qu'une illustration reciproque, le texte est un contrepoint de son sujet), Y.R. saute à pieds joints dans le trou noir qu’est N.S. (là encore, j'ai lu çà quelque part, mais où ?) Quel est cet orgueil de n’avancer qu’en cercle d’initié, en clin d’œil appuyé – bref, un Closer ou Voici avec plus de vocabulaire, en somme.




J’avais espéré une campagne, une guerre : la politique, c'est plein de fureur, de sueur, de poussière, de fatigue, de chair - d'humain : ici, ce n’est rien d'autre qu’une longue litanie, qu'un collage de cartes postales achetées à la va-vite – même pas une longue lettre. Elle ne fait pas oeuvre de journaliste - mais fait-elle oeuvre d'écrivain ? Elle se veut rapide, virvoltante : le titre même est sans ponctuation, ne sachant plus si elle se trouve à l'aube le soir ou la nuit. Peut-être aurait-elle dû se poser, un peu, pour écrire, la journée.


Tout cela est trop intellectualisé, pensée : c'est propre, c'est lisse. Et pourtant, ce n’est pas sans intérêts : c’est distrayant, parfois drôle. Ça se lit comme on mange des pop-corn au cinéma, ça remplit à peine une dent creuse, mais c’est sucré. Et ça n'a aucun intérêt autre que celui-ci.

N.S. n'est pas un mystique - lors de son départ, il n'invoquera pas les 'forces de l'esprit' - ni un sentimental - je ne crois qu'il nous dira qu'il nous aime comme le fit J.C. Peut-être nous dira-t-il qu'il a agit, travaillé, parfois avec succès, parfois avec défaites, mais qu'il s'y donna tout entier. La part intérieure restera là, en plan. Au départ, avec ce livre, et sans doute aussi à l'arrivée.

L'idée était belle, la démarche passionnante : mais il y a simplement une inadéquation totale entre l'auteure, le contexte et son sujet. Je ne pense pas que le livre soit mauvais : Yasmina Réza a loupé une occasion historique, belle, et parfaite : c'est pire. Elle n'a pas été à la hauteur, c'est tout.

jeudi 23 août 2007

L'Oeuvre au Noir - La vie errante

J'ai terminé, hier soir, tard, la première partie de L'Oeuvre au Noir, La vie errante, de Marguerite Yourcenar. Au jour où j'entame La vie immobile, je lis de plus en plus lentement, je ralentis, je rentre chez moi, je profite, pas à pas, mot à mot, à répéter les phrases conscienment en mon Esprit, pour mieux encore gouter l'instant de mes retrouvailles. 'Tout livre est un grimoire.'

Conscient de ne pas tout comprendre, qu'au détour d'une phrase, d'une scène, d'une virgule même, un sens autre, plus obscur et plus lumineux fait sens à sa vie, et peut-être même à la mienne. La littérature m'importe peu, l'analyse liturgique également - même si elles sont indispensables. Je rentre comme en Religion, une Evidence - craintif et plein de foi ; respectueux mais espérant ; reconnaissant, fortifiant - une confirmation, un doute levé : la certitude de comprendre malgré tout. Même d'y être déjà. Margueritte Yourcenar est une Grande Dame, une intime hérmétique.


'La littérature importe peu' - une note cependant : son écriture n'est pas facile, certes - elle atteint le Classique majuscule des oeuvres majeures qui existent par elles-mêmes, sans avoir besoin de nous, lecteur, pour Etre.

mercredi 22 août 2007

Carnets de notes de l'Oeuvre au Noir


"Quand G., traductrice, me demande d'expliquer pourquoi tel personnage à tel moment fait tel geste, j'hésite et je cherche une raison. Je l'ai vu faire tel geste."


Marguerite Yourcenar, Carnets de notes de l'Oeuvre au Noir.

mardi 21 août 2007

Truands de Frédéric Schoendoerffer

Je suis dans une véritable ambivalence vis-à-vis de ce film, et je ne comprends pas pourquoi.

Le film ne fonctionne pas, c'est une évidence. Frédéric Schoendoerffer voulait faire "Microcomos chez les voyous", immerger le totalement, irrémédiablement le spectateur dans cet 'univers parallèle'. Mais, là où le documentaire transcendait la réalité et accédait à la poésie, dans une vérité de choix, de luttes et de doutes, Truands nous plonge dans un abîme de sexe, de violence : rien de plus. Jusqu'à la nausée.

Giancarlo de Cataldo expliqait que, pour Romanzo Criminale, lorsqu'il avait dû choisir entre la dramaturgie et la réalité, il avait toujours fait le choix de la dramaturgie. Je pense que Schoendoerffer voulait faire de même, mais fit le contraire.

Ou bien, plus prosaïquement, tout cela est un problème de budget. Le financement du film devait s'astreindre des pré-ventes des télévisions hertziennes (choix extrêmement courageux d'aller au bout de la logique, de 'ne pas s'arrêter à la porte de la chambre' dans la relation du sexe et de la violence : interdiction au moins de 16 ans clairement assumée, revendiquée). Mais, malgré toute la bonne volonté, malgré tout le talent, cela se voit : je crois qu'il manque trois quart d'heures, pour passer de la réalité à la vérité : un approfondissement des personnages, de leur passé, de leur liens ; que les seconds rôles ne fassent pas oeuvre de figuration ; pour que l'électricité passe des personnages, de leur histoire, à nous, spectateur ; la bande son n'est pas à la hauteur ; etc.

Mais alors, la question se pose : la volonté initiale et assumée de réalisme (sexe et violence) n'a-t-elle pas été, à la toute fin, contre productive ?

Je le répète : je suis dans une réelle ambivalence - peut-être parce que c'aurait pu être un grand film - non, c'aurait dû être un grand film. Lisez la critique en lien : j'aurai pu être d'accord, j'aurai aimé être d'accord, mais je n'y arrive pas. Et malgré tout, le film m'obsède quand même.

lundi 20 août 2007

Deux trois trucs...


Juste une mise en relation - un rapprochement avec deux trois trucs...

Suite à mon post précédent, je voulais juste mettre en exergue la longue interview de Phiippe Djian parue dans le Le Monde 2 de vendredi dernier. Nous y retrouvons in situe la thèse de l'article du Nouvel Obs.



Je me désespérais il y a peu du manque de relation entre le réel - la vie - et la littérature française : mais un mouvement s'amorce, s'enlace - sans doute manque-t-il encore un peu d'estomac et d'ambition - comme il manquait, à mon avis, 250 pages au dernier livre de Marc Dugain, Une exécution ordinaire pour une amplitude complète... Un mouvement naturel me dit que la prochaine étape se fera par le biais de la fiction et du cinéma. Question de logique.

(A noter, plus généralement, leur rubrique Cabinet de lecture : sans doute les articles les plus complets et le plus pertinents de cette rentrée littéraire...)

vendredi 17 août 2007

Le roman saisi par les séries télé

Une évidence - j'aime les évidences : "mais bon sang, mais c'est bien sûr ! Pourquoi n'y ai-je pas penser avant ?"

Comme par exemple, cet article du Nouvel Obs de cette semaine, Le roman saisi par les séries télé - extrait du premier paragraphe :

"L'heure n'est plus à l'orthodoxie, elle est au remixage sauvage. D'évidence, la fatwa pesant sur le mélange des genres ne fait pas recette chez les générations grandies en prise directe avec les écrans (console de jeux, télé câblée, ordinateur ouvert sur la Toile, téléphone mobile). Pour s'en être scandalisés, les gardiens du dogme (d'Alain Finkielkraut à Richard Millet) ont aussitôt voué à la déculturation la vague montante, coupable de préférer «The Shield» à «l'Esprit des lois» ou une partie de «Résident Evil 4» aux six versions de «l'Annonce faite à Marie». En quoi, leur «Tout ce qui dévoile nos rides est à bannir» aura rapproché nos Cassandre des Homais et des Verdurin qui pestèrent contre les novateurs de leur époque."

Voilà le chemin, voilà la vie : voilà la foi : "Voilà pourquoi les nouveaux fabulistes, qui passent par l'imprimerie, doivent beaucoup à leurs aînés imagiers. Avec une audace inouïe, ceux-là ont tout détabouisé et tout repolitisé."

Just do-it, camarade. Just do-it.

Heroes Season 2 Exclusive Trailer NBC primetime


Heroes Season 2 Exclusive Trailer NBC primetime
envoyé par SeriesBlog

Dans le contexte ci-dessus, je voudrais vous enjoindre à la lecture de la troisième partie du Matin des Magiciens (1960) de Louis Pauwels et de Jacques Bergier. Je cite (p.69 de l'édition Folio) :

"L'idée d'une mutation prochaine de l'humanité, sur ce plan, ne relève pas du rêve occultiste. (...) Sans doute des mutans existent déjà parmis nous, ou, en tous cas, des hommes qui ont déjà fait quelques pas sur la route que nous prendrons tous quelques jours."

Etonnant, n'est-il pas ?

jeudi 16 août 2007

Connection

Je me suis reconnecté depuis quelques jours – je ne sais pas : pas vraiment l’envie d’écrire, rien, mais la volonté de prolonger les vacances, la vacance, ma propre vacuité, et m’inscrire en creux dans mon propre non man’s land… Ne rien faire et lire – continuer à ne rien faire.

Que pensez-vous de cette phrase : « Ce qui est important peut se trouver
n'importe où... Alors je lis tout. » de Jacques Bergier. Ou encore : « Je crois que l'esprit, à un haut degré d'imaginaire, ébranle et décroche des fragments de réalité situés dans le futur. » N'est-ce pas là, la vie de l'artiste ? « Aujourd'hui la communication avec l'infini est coupée. Il serait urgent de rétablir la ligne. »

J’aime bien aussi celles-ci – affichées dans son bureau : « Du calme et de l'orthographe (emprunt aux Pieds Nickelés). » ou « Il n'est pas indispensable d'être fou pour travailler ici, mais ça aide. »

Je vous laisse à ces méditations– et, si vous ne le savez pas déjà, également rechercher sur Google qui était Jacques Bergier. Moi, je retourne me coucher. Ou bien travailler, je ne sais pas très bien…