samedi 5 janvier 2008

Non, ce pays n’est pas pour le vieil homme de Cormac McCarthy.


La bande annonce du film des frères Cohen résume assez fidèlement le livre, le fil de l’histoire... jusqu'à un certain point, néanmoins. C’est assez étrange comme impression.

Mais le plus important c’est le titre, toute la beauté du livre vient de sa compréhension. Et le plus surprenant, ce n’est pas la violence, accessoire nécessaire, indispensable,
ou l’absence absolue de moralité (ce qui révèle un grand sens moral, paradoxalement), mais le découpage du livre au sens construction et technique cinématographique. Ce n’est pas non plus l’aspect jouissif de voir émerger un personnage comme Anton Chigurh, tueur de parole comparé à la peste bubonique et en quête de la reconnaissance de ses talents, ni même d’apprendre plus que de raison sur les « différents types d’armes de poing et leur maniement » ou « les moteurs automobiles et la conduite des véhicules tout-terrain ».

Non pas - c’est la quasi absence de virgules. Mais aussi de « - » ou de « ; » ou de tous autres éléments de ponctuation à disposition. Seules quelques « , » comme concédées, par-ci par-là. Les phrases commencent par une majuscule, se terminent pas un point. Et c’est là que le miracle de l’écriture opère – l’aridité du style dispense toutes les descriptions, des sentiments, des personnages ou des lieux. Ici, nous n’en avons pas besoin pour être dans le désert, à la frontière du Texas ou du Mexique, nous y sommes de facto, transportés par la rigueur dans des lieux si âpres et si brulants, que tout élément extérieur serait insupportable. L'appréhension du monde commence par le style.

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