dimanche 9 décembre 2007

Verre Froid de Piergiorgio Di Cara

Piergiorgio Di Cara est commissaire à la brigade antimafia de Palerme. Il est aussi un auteur de roman noir. Verre Froid est son troisième roman publié en France.

L'inspecteur Salvo Riccobono quitte Palerme après avoir fait l'objet d'une tentative d'assassinat de Cosa Nostra. Il est affecté en Calabre - étrange destination au pays de la N'drangheta. Il boit plus que de raison, fume sans doute trop - bref, c'est un grand flic, un vrai solitaire, un chasseur à bout de force, mais avec assez de réflex pour tirer le fil tenu d'une enquête de routine. Faire bien son job, répondre aux questions. Et allez se coucher.

Comme tout roman noir, l'histoire est un prétexte, les personnages sont là comme par inadvertance. Seul importe le climat, l'atmosphère, l'impression, la sensation... Et les évènements, leur succession, les hommes et les femmes à l'intérieur, tous concourent à la compréhension intrinsèque d'une réalité sociale... Bah, non, mais, sans blague : c'est un bon livre. Pas un grand livre, mais un bon livre. Et puis c'est tout.


C'est violent, dense, précis et brumeux. L'enquête avance sans que Salvo comprenne quoi que ce soit. Les évènements s'enchainent, la police agit, réagit, provoque, tend des pièges, recoupent... mais sans plan d'ensemble, sans vraiment comprendre, sans dépasser le miroir. D'ailleurs cela ne semble pas être leur priorité. Un chapitre entier, la confession d'un truand, suite à la décapitation de sa femme et de sa fille, mettra les pièces du puzzle en place, à la fin... Etrangement, c'est ce décalage entre la réalité des faits révélés et la vision de Salvo, qui crée l'osmose, une réaction chimique qui donne la qualité du roman. Ils avancent tous dans le noir, flic, truands, lecteur, dans les limbes de l'alcool et du sexe facile. Comme si comprendre n'était pas le plus important, ni vraiment utile : qu'y a-t-il à comprendre face à la barbarie ?

Aucun commentaire: