mardi 20 novembre 2007

Greed

Je voudrais faire un rapprochement qui n'a rien d'hasardeux, ni de gratuit, mais qui peut surprendre de prime abord...

Tout d'abord, un extrait d'un article de Libération en date du 14 novembre dernier, Ridley shoote Harlem sur le film American gangster.

"L’éclat sombre d’American Gangster, son ambition aussi (les tensions raciales entre «familles» mafieuses, le discours sur l’«avidité» américaine, le «greed» moteur du capitalisme omnipotent, la corruption généralisée…), sont à saisir dans la perspective plus ample d’une fascination tenace pour la figure démoniaque du chef de gang. Après Cronenberg (les Promesses de l’ombre) et avant James Gray (La nuit nous appartient), les meneurs de jeu occultes, les princes de l’économie parallèle occupent aujourd’hui une place symbolique de choix pour représenter l’inconscient du mercantilisme intégral."

Ensuite, un extrait du chapitre IV intitulé Greed, du livre de Martine Orange, Ces messieurs de Lazard (Albin Michel) - excellent livre, que je vous le conseille vivement :

"Greed. Le mot jailli d'un coup. Sans réfléxion. Sans retenue, dans la bouche de ce banquier d'affaires. Comme si le français était brusquement trop faible. Comme si seul ce terme anglais pouvait donner la juste mesure de cet amour de l'argent, cette avidité qui peut régner chez Lazard. D'aprés leurs témoignages, beaucoup de concurrents se sont heurtés à un moment ou à un autre à cette réalité de la maison. Cet appétit hors norme, qui fait basculer les usages, oublier les règles, la conduit à utiliser ses armes de séduction ou de dissuasion massives."

Je pense depuis longtemps déjà que l'expression ultime, dans sa vérité nue, dans son complet fanatisme, du capitalisme, c'est le grand banditisme. Le rapprochement par l'anglais - greed - n'est pas fortuit, mais assemble sous nos propres yeux la vision d'un monde "où l'argent est le seul étalon pour mesurer la valeur" : voilà notre business model.

Dans cette optique, lisez Gomorra - Voyage dans l’empire économique et le rêve de domination de la camorra de Roberto Saviano (Gallimard), et vous comprendrez peut être mieux ce "rapprochement - qui n'a rien d'hasardeux"

Aucun commentaire: