vendredi 2 mars 2007

La Maison du Retour


Je voudrais vous faire part d’un grand bonheur, d’une découverte, d’un luxe d’oxygène, d’une raison de vivre, un peu plus longtemps que d’ordinaire. C'est une impérieuse nécessité que de transfigurer ce livre au cinéma - plus que cela : c’est un livre de cinéma, d’images, de sons, de regards - de cinémascope.

Un bon scénario devrait avoir selon ce qu'on entend, "du conflit, du conflit, du conflit". Or, ici, point de conflits. Mais une lente évolution, une re-constustion intérieure autant que physique - symbole de la maison, de sa recherche, de son choix et des travaux- , une patiente remise à l’équerre vers l’essentiel. J’ai déjà parlé de la masse palpitante de l’humanité : nous y sommes.
Je recherchais depuis longtemps, un livre positif, sans être mièvre, optimiste, sans être béat. A contre courant du temps et de nos sentiments. Je l'ai trouvé - c'est un retour, un replacement vers soi, au-delà. C'est le livre idoine : partager cela, au cinéma.
Peu de paroles, peu de personnages (sa femme, l'agent immobilier, l'ami architecte, le Voisin, les deux maçons, l'épouse et la soeur du Voisin) ; pas de scènes utilitaires, pas de moments vains, de paroles inutiles. Mais des sons (les travaux, la nature - chants d'oiseux, crapeaux, etc.), une seule musique - Le Retour de Tobie de Haydn ; des images : les Landes, l'airial, la voute céleste, le vin... Et le silence, qui peu à peu nous emplit de beauté. La lenteur aussi - ou plus exactement, le temps qui se vole, lentement. Ce n'est pas la même chose que la lenteur. C'est même l'inverse.
Ce rapport à la nature me fait penser à la beauté des films de Terence Mallick - la sauvagerie en moins, et la transcendance en plus. C'est un retour vers l'essence.
"En dépit des menaces, mon existence est portée plus que jamais par le désir de vivre, de sentir, de regarder. Surtout de regarder car je suis devenu un spectateur irrassasiable du monde. Cette disposition, je la dois à la maison dans la clairière. Aux Tilleuls, j'ai pris conscience de cette évidence : être vivant suscitait en moi une joie invincible." (p.277)

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