vendredi 13 octobre 2006

Etat de grace - Les raisons d'un échec...


Je vous renvoie au post du 12/10/2006 de Christophe Barbier, directeur de l'Express et consultant sur la série, pour une tentative d'explication de cet échec :
http://blogs.lexpress.fr/elysee2007/archives/2006/10/deux_ou_trois_c.html

Je retiens les éléments suivants (je cite) :

"Comme Michèle (Fitoussi), je regrette que la France ne diffuse pas de séries politiques réalistes, "dramatiques", comme The West Wing, mais le propos de Grâce n'était pas celui-ci. En revanche, à vos stylos: il faut des scénarios!"
"la figure de Grâce n'a pas séduit le public parce que c'est ainsi qu'une présidente se serait comportée il y a quelques années, mais plus aujourd'hui.
Tout cela n'est pas grave: on sait que la réalité dépassera, une fois de plus, la fiction."


Mettant en parallèle l'échec de Président et celui de l'Etat de Grace, un ami faisait ce commentaire : "le spectateur attend de la fiction autre chose qu'une redite de l'actualité ?"

Voilà ma réponse :

Le Président : à mon avis, pourquoi les gens iraient payer pour voir au cinéma ce qu’ils voient tous les jours à la télé - franchement, la réalité dépasse la fiction : qu’on soit de droite ou de gauche, c’est le spectacle !!!!. Bref, (mais c’est facile à dire maintenant) : je crois qu’ils se sont trompés dans le timing. De plus, l'action semble trop éloignée de nous, d'aujourd'hui... Avec la campagne qui se profile, la France changera d'époque politique. Rappeler l'antérieur, même proche, c'est être fatalement décalé par rapport à l'envie du public de voir devant, d'espérer, encore.

Pour Etat de Grace, c’est un peu différent : c’est le contraire de la réalité. C'est une comédie, ayant pour cadre la poltitique. Mais, l
à encore, je crois qu'il y a une erreur de timing. La politique est absent de nos écrans - et nous ne pouvons (enfin, je crois...) accepter une comédie, alors que la relation de la réalité n'existe pas, déjà en référence, sur nos écrans. De ce fait, sans doute que l'Etat de Grace est-elle venu trop tôt...

Mais la vraie morale, c’est effectivement que le cinéma ou la télé ne doit pas être une « redite de la réalité » - la fiction exprime la vérité, c’est différent. Et quand la réalité dépasse la fiction, comme c’est aujourd’hui le cas tous les jours dans cette campagne électorale, alors c’est l’échec.

Le bon positionnement ? Etre avant, devancer la réalité – exprimer une réalité non dite, non encore exprimée ; être aprés, pour éclairer le passé d’un jour nouveau. En fait, ne pas être en phase, mais décalé : l’attention du public va toujours ailleurs. De plus, pour Président, ou Etat de Grace, pour peu qu’on s’intéresse un peu à la politique, tout cela est connu, et même archi-connu. De plus, The West Wing, est porté par un vrai dramaturge, qui sait magnifier - et donne à voir la politique, la vraie
. Et les acteurs doivent être particulièrement denses : sans doute Dupontel. Mais Anne Consigny, n’avait pas l’épaisseur (à voir, à contrario, Hillary Clinton ou Ségolène Royale) ; elle semblait vraiment trop frêle, humaine.

Les concepts étaient bons – et le développement, excellent. La suite, le timing, peu adapté… Mais, c'est facile aprés coup - et je pense vraiment, qu'il faut continuer. Malheureusement pour eux, ils ont essuyé les platres...


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