mardi 27 février 2007

Le texte de Pascal


Je mets en lien la contribution de Pascal Ferran aux Césars, et reproduit par Le Monde,

...ainsi que l'éditorial qui l'accompagne.

Loin de moi d'être un militant aveugle du cinéma d'art et d'essai. Je n'en suis même pas un spectateur. Je pense également que la France produit trop de films (mais pas encore les notres - là est tout le paradoxe... On produit toujours le film de trop du copain...)

Mais je pense également que Pascal Ferran met le doigt là où ça fait mal :

"En assimilant les films à vocation artistique aux films pauvres et les films de divertissement aux films riches, en cloisonnant les deux catégories, en rendant quasi impossible pour un cinéaste d'aujourd'hui le passage d'une catégorie à une autre, le système actuel trahit l'héritage des plus grands cinéastes français.
Et leur volonté acharnée de ne jamais dissocier création cinématographique, point de vue personnel et adresse au plus grand nombre. Ce faisant, il défait, maille après maille, le goût des spectateurs ; alors même que, pendant des décennies, le public français était considéré comme le plus curieux, le plus exigeant, le plus cinéphile du monde.
Ici comme ailleurs, la violence économique commence par tirer vers le bas le goût du public puis cherche à nous opposer. Elle n'est pas loin d'y arriver.
Les deux systèmes de solidarité - entre les films eux-mêmes et entre ceux qui les font -, ces deux systèmes qui faisaient tenir ensemble le cinéma français sont au bord de la rupture."


Le cinéma n'est pas la télévision - sa nature même le protège de l'absorbtion (voir le post d'avant). Godard disait que la différence entre la télévision et le cinéma résidait dans le regard du spectateur : pour la première, le regard converge vers un point, il se ferme ; pour le second, le regard s'ouvre sur l'écran, il ne fixe pas de point précis (je ne me souviens plus de la citation exacte, mais l'idée était celle-là - ou peut-être pas, peut-être que je l'ai inventé, mais je m'en fous : l'idée me plait).

Pourtant, c'est la diversité (parfois d'oeuvres difficiles) qui produit, comme soupe organique, d'autres oeuvres, au public peut-être plus large. Abattre l'un, par une vue consumériste à trés court terme, pourrait vouer le cinéma à l'extinction, au dépôt de bilan.

Extrait de la fin de l'article du Monde rendant compte des Césars et des Oscars , Pascale Ferran primée aux Césars et Martin Scorsese aux Oscars :

"En un mot, un film (Lady Chartterley) en contravention avec la loi du marché, à l'image du discours de très grande tenue prononcé sans qu'on l'y ait conviée par Pascale Ferran durant la cérémonie. Constatant la relative indifférence avec laquelle les candidats à l'élection présidentielle considèrent ce nivellement culturel, la cinéaste a appelé ses pairs "à se réveiller, et à se battre très méthodiquement". Reste à savoir s'il n'est pas déjà trop tard. Toute l'élégance de son producteur, Gilles Sandoz, aura à cet égard consisté à taire lors de son intervention le fait qu'il déposait le bilan de sa société Maïa Films à l'occasion de ce succès inespéré."

No comment.

2 commentaires:

Michel a dit…

Pour Godard, je dis pas (voir le post même). Mais si ta citation est exacte, çà revient au même. Quand à sucrer les fraises - sans doute. Assez d'accord. (JP Melville se demandait si Godard était un cineaste. A mon avis, non. Mais c'est un autre débat.)
Ensuite, un écran plat aussi grand soit-il ne remplacera jamais un écran de cinéma, quoiqu'on en dise.
Pour les scénaristes, tu as raison.
Mais au-delà des divergences factuelles, je constate que tu ne vas pas beaucoup plus loin.
Et c'est dommage.

Michel a dit…

Ah ben voilà une nouvelle qu'elle est bonne !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!